Partager son corps avec deux personnalités totalement différentes est une expérience bien étrange, surtout quand l’une des deux est une tueuse avérée et que l’autre ressemble plus à un agneau en perdition. Si Elle avait les reines de mon corps, il était tout de même à moi, ce corps. C’était la seule certitude que nous avions, elle et moi. C’était mon corps et elle devait partir. Elle en avait assez de supporter mon côté frêle et moi…Je voulais tenter de vivre à ma manière, et elle, elle voulait juste tuer.
Je ne sais pas encore très bien comment ça fonctionne, même après tout ce temps…Tout ce temps, depuis combien de temps était-je ce que j’étais ? Vampire ? Comme vivante. C’est un véritable problème de ne pas savoir qui l’on est réellement.
Qu’aurait-elle fait à ma place ? Défendre son corps, sûrement. D’ailleurs c’était la seule chose à faire, alors pourquoi étais-je incapable de bouger ? Peut-être parce que je ne voulais pas me défendre et que mourir était peut-être la seule solution.
Une balle dans l’épaule, je suis à genoux et je me tiens l’épaule, regardant ce chasseur humain me prendre pour cible, appréciant n’avoir aucune résistance.
- Ne faites pas ça, je ne veux pas vous faire de mal !
Je grognais de douleur, mais je ne voulais pas leur faire du mal, pas aux humains. Me nourrir d’eux, Elle qui les tue, c’était déjà bien assez.
- Tu vas mourir, vampire !
Je tentais de me relever avant de recevoir une autre balle, cette foi en plein ventre. Je poussais un profond râle de douleur, un cri perçant et profond. Il se jouait de moi et je n’arrivais pas à le tuer, de toute les manières bouger m’était devenu insupportable à l’instant. La douleur étant trop lancinante.
Je l’entendais s’approchais, son arme pointée sur moi, sur mon cœur. Il allait me tuer et faible et désespéré, je n’allais pas bouger et me laisser faire.

Je ne bouge pas, je suis prête, je ne me battrais pas. Je ne veux pas particulièrement qu’il me tue, mais si je meure, elle aussi, alors, c’est une bonne chose, non ? Je saigne déjà, deux balles dans le corps, j’ai mal, je serre les dents et…Rien. Enfin, si, mais pas ce que j’attendais. Des bruits, du fracas, de la vitesse. Je relève le regard, étonnée d’être toujours en vie et mes yeux se pose sur une silhouette que j’ai déjà vue, moi, mais surtout Elle. Cette voix. Ce corps. J’entends l’arbre craqué, je sens le cœur du chasseur battre de plus en plus vite, il a peur et moi je suis sidérais. Je n’en oublie pas la douleur, ma douleur, mais le spectacle devant moi m’étonne. Pourquoi me défendre, il ne sait pas qui je suis, même si, au final, c’est logique que ça soit moi et pas elle. « Elle est à moi » ? Comment ça, je suis à lui ? Elle est à lui ? Non, il parle de nous, de ce corps. Je…suis…à lui ? Je grimace en sentant les balles dans mon corps. Je perds du sang, je n’arrive pas à cicatriser. L’homme tombe inconscient et Damon arrive vers moi. Je penche la tête et je grimace, non, ça ne fait pas du bien.
- A ton avis ? Si c’était elle…Elle l’aurait tué.
Je l’avais dit avec un petit sourire, malgré la douleur. Je relève la tête vers lui, la douleur se lit sur mon visage, je ne le cache pas, je ne me suis jamais fait tiré dessus et je savais que le bois était dangereux, mais là, si ça continuait, je me viderais de mon sang.
- Aide moi…
Mon épaule est en sang, mon ventre aussi. Je le supplie du regard de faire quelque chose. Je serre les dents et je tente de faire un leger sourire, un sourire de douleur, un sourire forcé, un sourire maladif, mais je tente de sourire.
- C’est ma première fois… Je suppose, pas pour Elle, mais pour moi…
Je baisse la voix et referme les yeux.
- Fais quelque chose…

Ça bouillonne. Dans mon corps, ça bouillonne et ça fait tellement mal. Je serre les dents, je serre les poings, je ne veux pas hurler, mais j’ai mal. Je sens ses doigts dans l’une des blessures, je me mords, j’ai tellement mal que je me mords les lèvres à sang. C’est la première, il en reste deux ou trois ou plus, je n’ose imaginer pour la suite…
Sa voix tente de se faire douce pour me rassurer, mais je sens, je perçois dans sa voix comme une douleur. Aurait-il mal de ce qu’il me fait ? Souffrirait-il tout autant que moi de me faire mal ? Je ferme les yeux, je serre les dents, je ne veux pas hurler, je ne veux pas montrer que je souffre, même si je me doute qu’il connait et qu’il sait. Ce maudit chasseur a failli me tuer et moi… Je l’avais laissé faire. Pour la dernière c’est autre chose, je retiens mes cris, mais cette fois, je n’y peux rien. Je me mets à hurler tant j’ai mal de par la balle et ses doigts en moi. Ça n’est même plus désagréable, c’est une lente agonie.
J’entends à nouveau sa voix. Damon Salvatore… Oui, ça, je me souviens. J’essaie de me concentrer sur sa voix, essayant d’analyser et de ne pas sentir la douleur, mais c’est insurmontable. Il me parle de l’autre, me disant qu’elle le connait, que moi, je ne le connais pas. Qu’ai-je besoin de savoir ? Certes, il a l’air d’être bon amant, vu comment j’ai récupérer mon corps, toutes les sensations que j’ai ressenties. Mais ce que je connais, c’est qu’il n’hésite pas à me sauver la vie alors qu’Elle, que l’autre lui a fait du mal.
J’oscille entre douleur et concentration. Je n’arrive pas à analyser ses paroles, je ne retiens que la douleur. Lorsque je sens la balle sortir, je hurle une fois encore et je me mets à respirer difficilement. Même si je n’ai plus de corps étranger en moi, la douleur reste présente, parce que mine de rien, la douleur je ne connais rien, elle, elle connait, moi, non. Je sens une petite tendresse émanant de lui. Sa main dans mes cheveux m’étonne, mais je ne dis rien. Je dirais même que j’apprécie, c’est une chose que je ne connais pas, que je n’ai sans doute jamais connu, alors, simplement, je profite ce qui permet de me calmer.
Je relève la tête, lentement lorsqu’il me dit me donner son sang. Vraiment ? Lorsque je le vois s’ouvrir le poignet, je suis étonnée et l’odeur de son sang déclenche automatiquement mon visage vampirique quelques secondes. Je me saisis de sa main, sans méchanceté aucune. Ferait-il ça pour moi ? Pour elle ? Non, je ne dois pas me poser autant de question. Il vaut mieux que je me nourrisse de lui, que d’un humain que je tuerais, non ?
J’approche mon visage en même temps que j’approche sa main. Il y a quelque chose d’étonnant chez cet homme, je peux comprendre qu’il plait à mon Autre moi. Ma bouche entre en contact avec sa peau, je retiens mes crocs, je ne veux pas le mordre, ni lui faire mal. J’aspire son sang avec une certaine avidité avant de relâcher son poignet, son sang dégoulinant sur mes lèvres.
Je me relève difficilement, tentant de dépoussiérer mes vêtements. Et le regarde, avec un léger sourire.
- Je ne sais pas comment te remercier, Damon Salvatore.
Je souris à nouveau et regarde mes blessures qui sont déjà cicatrisé. Nous sommes pleins de sang, lui comme moi.
- Je suis navrée… Tu as piètre allure à cause de moi…
Je passe mes mains sur mon ventre, dans les lambeaux de ceux-ci.
- Je ne sais pas d’où il est venu… Je ne sais pas comment il m’a trouvé… Je ne l’avais pas entendu…

Que voyait-il en me regardant ? Arrivait-il à faire la distinction entre nous deux ? Je sais que ça n’est pas une chose facile, je sais que la distinction est parfois étonnante, que Nous sommes chamboulantes, surtout qu’il est possiblement le seul à savoir pour nous deux. Ça doit être déconcertant et pourtant, il n’a pas hésité une seule seconde à m’aider.
Il avait poussé un petit bruit lorsque mes dents avaient déchiré sa peau. Etait-ce une douleur ? Un…plaisir étrange que je ne pouvais comprendre ? Je ne savais pas comment prendre ça et je ne vouais poser aucune question. Il y avait beaucoup de chose que je n’arrivais pas à comprendre, que je n’avais peut-être pas connu où oublier, je devais faire abstraction de mes peurs et avancer doucement. Si seulement, pour une fois, elle pouvait venir. C’était tendancieux de demander ça, parce qu’elle pourrait tout détruire, mais elle ne me ferait que des ennuis, pas vrai ? Moi qui voulait une vie normale où je serais seule à décider et à agir, je ne pouvais pas avoir envie qu’elle vienne, même si de par son absence, elle avait risqué sa propre vie.
Il reprit la parole et la fin de sa phrase eut le don de ne m’inquiéter, non, pas m’inquiéter, mais me surprendre. Etait-ce réellement ce qu’il venait de dire ? Oui, j’avais su qu’il l’aimait elle, mais je n’étais pas elle. Non, j’étais son corps, il m’avait aidé pour elle, c’était logique. Je ne répondis pas, je ne relevais pas, je savais le sous-entendu, alors même si ça me blessait, je ne voulais rien dire. Je n’aimais pas passer pour la deuxième, mais elle l’avait connu avant, elle l’avait attiré avant moi, alors forcément, je n’étais que…Une vague copie d’elle.
Faire attention ? Aux chasseurs où à la vie en général ? Je repose mon regard sur lui, je ne suis pas comme elle. C’est tellement criant de vérité qu’elle est moi sommes différentes. Sans doute est-ce pour ça qu’il semble étonné que je n’aie pas tué ce chasseur. Oui, j’ai la force, la rapidité, j’ai tout ce que je veux pour le tuer rapidement, mais il avait parlé, il avait dit des choses qui…Je n’avais pas eu le courage de me défendre et Damon ne pourrait pas comprendre pourquoi je n’avais pas agi.
Sa main se déplace, elle s’approche de moi. Je suis un peu plus étonnée de ces gestes. Il semble tellement différent d’Elle, tellement plus proche de…moi. Il avait dû la connaitre quand il a éteint ses émotions, maintenant, il est plus vivant, plus humain. Il y a quelque chose qui m’interpelle, mais qui m’apaise. Je ne devrais pas profiter de ce qu’il est prêt à me donner, sachant que c’est à elle qu’il veut les offrir, mais là, il ne m’offre qu’une douche et des vêtements, non ?
Sa main est pleine de sang, MON sang. Je prends quelques secondes avant de faire un pas vers lui, puis un autre avant de m’installer à ses côtés, commençant à marcher. Je n’ai pas pris sa main, je n’ai pas pu. Mon sang sur sa main m’avait soulevé une nausée. Mais j’avais acceptée de l’accompagnée, il n’avait pas tort, nous en avions besoin. Sur la route, je n’avais pas parlé, je n’avais pas pu lui expliquer pourquoi je ne m’étais pas défendue, pour moi, c’était si simple, mais pour un autre, il n’aurait pas dû comprendre.
Lorsque j’ai passé le pas de sa porte, j’étais étonnée d’entrer si facilement. Aucun humain n’était le propriétaire ? Je fis quelques pas dans l’entrée et je fronçais les sourcils.
- Elle….Elle est déjà venue, non ?
J’avais l’impression de connaitre cet endroit. Peut-être étais-je déjà venu dans un de ces fameux souvenirs disparut de MA vie, où bien était-ce simplement elle.
Je me retournais pour le regarder, une lueur étrange dans mes yeux. Cet odeur de sang, mon sang me soulevais une nouvelle nausée. Je n’osais pas faire un pas, je n’étais pas chez moi après tout.

Je me sens observée, scrutée et je n’ai pas besoin de savoir si cela est vrai où non et d’où cela vient. Je détourne le regard, c’est assez oppressant et étrange. Il y a quelque chose d’insistant. J’en suis gênée.  
Je joue avec mon verre avant de le boire, de me tourner vers lui, d’avancer vers lui, vers le bar et de poser le verre délicatement. Je ne le regarde pas, les sentiments qu’il a pour l’Autre moi me rend d’autant plus gênée que pour lui.  Que ça retombe sur moi ? C’est là la grande question, celle que je ne peux pas répondre à tous les coups.  Ma voix se fait douce alors que nous sommes côtés à côtes. Il n’y a aucune raison pour que je chuchote, pourtant, je le fais.
- Je ne saurais dire…Je…Je ne pense pas. De ce que je me souviens, non. Je n’aime pas faire de mal aux autres…
Je me raidis lorsqu’il reprend. M’avoir retrouvé ? Ne pas lui échapper ? Alors qu’il sait qui je suis ? C’est là où je suis perdue. Que veut-il dire ? Oui, il a des sentiments pour l’autre, pourtant, il a l’air de vouloir me prendre sous son aile. Il m’adresse un compliment et je détourne le visage. Etran-gement, un sourire vient perler mes lèvres et c’est moi que ça étonne. Pourquoi est-ce que je sou-ris ? Je secoue un peu la tête, analysant sa proposition. Vivre ici ? Ça serait être sous son regard, être protégée et aidé par lui ? Le voir faire ou l’entendre dire des choses qui ne me plairont pas. Prendre le risque de le blesser quand l’Autre reviendra.
Je prends la bouteille dans ma main avant de me servir un verre. Je ne lui demande pas, peut-être le devrais-je ? Pourtant je continue, un léger sourire aux lèvres.
- Ça ne m’a pas forcément été utile à moi… Si tu l’avais laissé faire, je n’aurais pas pris le risque, de tuer un jour prochain…
Je pris le verre et le portant à mes lèvres avec délicatesse.
- Je… Je ne voudrais pas être un poids pour toi, tu auras sûrement d’autres choses à faire. Je suppose que tu ne vis pas seul dans cette maison, n’est-ce pas ?
Il faudrait sans doute l’accord des personnes qui vivaient ici et… Ne serait-ce pas bizarre pour lui de vivre avec quelqu’un qui ressemble à la fille qu’il a aimé ? Et si elle revient et quelle brise la vie qu’il s’est construite ?
- Ne crois-tu pas que cela serait dangereux ?
S’il ne le pensait pas, je le pensais moi.